jeudi 25 février 2010

Gaby Cohn-Bendit, celui qui dit tout haut ce que l'autre ne peut dire que tout bas

Quelques idées et des pistes pour avancer...

Gabriel Cohn-Bendit,
Président des Amis d'Europe Écologie





1) Europe Écologie nouvelle force sur l'échiquier politique encore en gestation.

Pour l'instant Europe Écologie n'est qu'un nom. La structure opérationnelle reste le parti Vert.
Il n'est pas question de continuer ainsi. L'appareil du parti Vert a tout fait pour que Europe Écologie n'ait pas d'existence autonome. Le parti Vert contrôle les finances, contrôle le site et les fichiers, a contrôlé la constitution des listes et contrôlera les discussions avec les partenaires en particulier avec le PS pour le deuxième tour des élections régionales.
Il y aura encore des déceptions des camarades qui se croient en position éligible se verront éliminés. Il faudra se battre pour faire respecter l'ordre des candidats sur les listes.
Le PS se prêtera à ce jeu, le parti vert est moins dangereux pour eux qu'EuropeÉcologie et ils feront tout pour faire éclater Europe Écologie. Des apparatchiks Verts comme Jean Vincent Place seront plus préoccupés par leur futur poste de sénateur que par la construction d'une force qui peut faire jeu égal avec le PS dans un premier temps et le dépasser dans un deuxième.

2) Que faire?

Nous, les Amis d'Europe Écologie, avons accepté de ne pas apparaître publiquement pendant la campagne. Mais nous n'avons pas dit que nous ne réfléchirions pas à ce qui doit changer pour qu'Europe Écologie devienne une force qui ne dépende plus de l'appareil des Verts. Je distingue le parti, l'appareil Vert, des militants Verts de la base comme de nombreux élus.
Je pense même qu'une majorité de militants Verts ne supportent plus leur appareil ni son symbole en chair et en os Jean Vincent Placé.

a) La double appartenance.
Europe Écologie doit devenir une force politique qui accepte en son sein des adhérents venant d'autres formations politiques, les Verts bien entendu, mais aussi des militants du MEI, de GE, du PS, du PC, de Cap 21, du MODEM et en dernier mais le plus important tous ceux qui n'appartiennent à aucune structure politique. Tous devront accepter la charte commune, dont les grands axes ont déjà été élaborés lors des élections européennes, qui ont été précisées lors des élections régionales et que nous préciserons encore avant la convention de constitution d'Europe-Écologie, qui pourrait avoir lieu en mai 2010.

b) Les cotisations ou l'argent le nerf de la guerre.
Europe-Écologie fixera pour ses adhérents une cotisation de X euros. Ceux qui sont ou veulent adhérer chez les Verts ou à toute autre formation politique paieront une autre cotisation à ces partis que ces partis fixent en toute indépendance. Oui nous sommes pour permettre la double appartenance à ceux qui le désirent. Mais à Europe-Écologie nous ne connaissons que des adhérents d'Europe-Écologie. Et lors des prochaines élections les cantonales et les législatives de 2012, le nom sous lequel se présenteront les candidats sera Europe-Écologie, ou le nom que la convention de fondation se donnera; et c'est à cette formation politique qu'iront les fonds. Nous avons donc un an pour préparer les cantonales et deux ans pour les législatives. Oui je sais, ça ne se fera pas tout seul.

3) Les militants.

Dans les partis traditionnels, dont les Verts, on appelle militant des hommes et des femmes qui se réunissent au moins une fois par mois de 20h à 22h et parfois beaucoup plus tard, de préférence le soir de la retransmission d'un grand match de foot ou de rugby ou le soir où canal + passe le chef d'oeuvre d'un des plus grands cinéastes. Et tout ça pour des séances d'un ennui mortel ou il ne se dit pas grand-chose, mais ou onse fait connaître pour pouvoir participer à la course à la candidature, tenter de faire partie de la bonne écurie, j'en passe et des meilleures.

Or aujourd'hui il y a des dizaines de milliers de jeunes et de moins jeunes (et j'en suis), qui ne veulent pas jouer à ces jeux-là. Ils sont prêts à participer à toutes les discussions par internet, à se faire connaître par internet, à voter par internet et à participer physiquement à de grandes manifestations et à coller des affiches et se mobiliser lors des élections, et même oh scandale à être candidat. Certains militent activement dans des associations de défense de l'environnement, de solidarité internationale, de défense des sans abri etc.... Être inscrit à un parti, oui, y perdre son temps au détriment de l'action concrète, non.

Oui il y aura à Europe Écologie une nouvelle sorte de militants à part entière mais pas masos. Je vois et j'entends déjà les militants traditionnels crier au scandale, quelqu'un qui ne vient pas aux réunions avoir le même poids dans la prise de décision qu'eux les toujours présents.

4) Des instances de décisions élues.

a) Des comités de pilotage et d'animation oui mais élus.
Chacun pourra se présenter, et c'est sur la base de textes de présentation qu'ils ou elles seront élus, par votes électroniques. Mais transversalement il y aura des réseaux nationaux qui s'intéressent plus particulièrement à tel ou tel secteur qui travailleront ensemble et auront des représentations au niveau national. Pour moi ce serait un réseau qui aborde les problèmes d'éducations en France mais surtout en Afrique.
Certains travailleront les problèmes économiques au niveau local, national européen et mondial. Nous profiterons tous de leurs réflexions, comme ils profiteront des nôtres. Sur toutes les questions nous feront appel à des « experts » pour aider notre réflexion. Là encore , il faudra se garder de la fermeture partidaire qui favorise les sectarismes.

b) Une Charte d'adhésion.
Nous devons élaborer une Charte qui sera la base de l'adhésion. Je l'ai dit nous en avons déjà les axes principaux. C'est sur cette base que se fera l'adhésion et non sur le « d'où viens-tu ? » Que tu viennes des Verts, de Cap21 du MEI de GE du PS du PC du Front de gauche (oui Martine Billard a toute sa place à Europe Écologie). Mais aussi les militants du Modem qui accepteront notre charte, et pas seulement Ben et Yann Wehrling.

Je sais certains attrapent des boutons à cette idée, mais ces éruptions cutanées ça se soigne. J'avais les mêmes quand on me parlait des Verts, et aujourd'hui à Europe Écologie je ne suis pas le seul, mais nous nous soignons, avec des thérapies de choc mais il faut y arriver. Pendant cette campagne où nous avons choisi l'autonomie au premier tour, certains camarades écolos ont choisi de faire alliance dès le premier tour avec le PS. Les Verts parlent d'exclusion. A Europe Écologie ces camarades auront leur place. Ce ne sera pas facile pour eux, mais là encore nous devons faire cet effort. Ils ont prouvé depuis longtemps qu'ils étaient des militants écolos.

Conclusion toute provisoire d'un texte à discuter et non à prendre ou laisser.
Je voudrais rappeler ici la courte histoire d'Europe Écologie. Quand Dany m'a parlé de son envie de faire une dernière campagne européenne en France, je lui ai dit OK mais surtout pas comme tête de liste du parti Vert. « Tu te rappelles le soir même des résultats, Dominique disait «on lui paye un billet pour Francfort et qu'il nous foute la paix». Et quand Dany a proposé sa TGV «la troisième gauche verte», il fut sifflé auxjournées d'été de Lorient.
Il fallait réécrire ce mauvais scénario.

«Si tu conduis une liste ce sera une liste d'écologistes ouverte aux Verts mais pas d'une liste Verte même ouverte à d'autres écologistes. Car le parti Vert a, comme jadis le PC et comme tous les partis, des compagnons de route. Certains Verts, comme Jean Vincent Place ont fait courir le bruit que Dany voulait venir en France parce qu'il n'aurait pas le droit de se présenter en Allemagne. Dénigrez, dénigrez, il en restera toujours quelque chose.
Oui Jean-Vincent reconnaît qu'il aurait eu de mauvaises informations,
mais elles l'arrangeaient tellement bien.

Seulement la situation des Verts dans l'opinion était si catastrophique qu'ils n'avaient d'autre solution que d'accepter. Le divorce entre la prise de conscience des problèmes écologiques dans l'opinion, que l'on pouvait mesurer au succès de Nicolas Hulot et les faibles scores électoraux du parti Vert était criant, et de nombreux verts, comme Yves Cochet, Marie-Hélène Aubert et d'autres le posaient clairement.

L'appareil Vert accepta le deal de Dany, une liste moitié verte moitié non verte. Le pari était osé pour la direction du parti vert, car avec 10% il y aurait eu 8 élus dont trois verts, Dany compris et cinq non-verts. Avec 16%, le résultat a été 7 verts et 7 non-Verts.
C'est juste après que les choses se sont gâtées. Pour l'appareil Vert, il n'était pas question de construire une nouvelle force politique.

Jean Vincent Place l'a dit clairement au cours d'une rencontre des Amis d'EuropeÉcologie.
Les Verts resteront la colonne vertébrale, le système nerveux et il va sans dire le cerveau d'Europe Écologie. Les Verts, grand corps malade, maigre à faire peur, avait besoin selon Jean-Vincent d'un peu de chair et de gras pour être présentables. Les nonverts n'étaient donc qu'un peu de muscle et de gras. Nous devions être le Désir d'Avenir des Verts.
Tout se décide ailleurs. Cet ailleurs, c'est le parti Vert.

Si pour les Européennes le poids de Dany était suffisant pour imposer un certain nombre de choix, il en allait tout autrement pour les régionales. Là, l'appareil Vert a joué à fond. C'est lui qui a décidé sans intervention de quiconque de l'ordre des candidats verts, mais c'est lui aussi qui a décidé de l'ordre des non-verts. C'est ça qui doit absolument changer et qui changera pour qu'Europe Écologie continue à vivre.

Ce n'est qu'un début continuons le débat.


http://www.lesamisdeuropeecologie.eu/


http://www.mediapart.fr/club/edition/pol-en-stock/article/020210/gaby-cohn-bendit-sort-son-bazooka-pour-penser-lapres-region


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